Sunday, December 27, 2020
Nos ancêtres les yamakasis
Lire le monde avec le cinéma
Les guerriers antiques consultaient des oracles, les peuples avaient leurs sorciers. Certains observent le marc de café ou interrogent des charognes, d’autres tirent les cartes ou demandent à faire parler les astres. Nous lisons le monde dans les images spectaculaires, nous pratiquons la divination dans les entrailles du cinéma industriel. Nous avons revu à la lumière de l’actualité le film culte Yamakasi et nous avons trouvé qu’il éclairait une partie de notre présent.

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Saturday, December 12, 2020

Dans quelques mauvaises photos on peut voir nos gestes et notre banderole affichées derrière des vitres : deux artistes inspirés ont cru bon de faire une exposition sur nous à la mairie du 1e et 7e arrondissement de Marseille.
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Wednesday, November 11, 2020
Nous sommes un et cependant multiple. Nous voudrions que X soit une personne – pas un individu – et qu’il soit capable d’affirmer sa diversité sous un seul visage. X est une personne commune de création filmique, d’écriture et de collages, une signature anonyme et collective. Signé X est un geste déjà significatif, un énoncé performatif. Nous signons X nos textes et nos oeuvres car nous sommes des analphabètes de la domination, nous n’avons pas appris à lire et écrire le pouvoir de l’auteur. Nous signons x car nous sommes dépossédés du langage par la bourgeoisie, étranger.ère.s aux formes des oppresseurs, ennemis de l’art dominant.

Un pays qui se tient sage de David Dufresne tient l’affiche, des séances partout – au cinéma public de Montreuil ; au cinéma indépendant d’art et d’essai du quartier latin comme au MK2 Bastille ou au Gaumont des fauvettes – tout le monde « en parle » de Télérama au Monde diplomatique. Bien sûr je me réjouis qu’à nouveau un film qui sort en salle parle des questions politiques actuelles et qu’à nouveau un film se pose la question de l’image au cinéma.
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Wednesday, August 12, 2020
Dimanche 9 août, le Videodrome 2 jouait un film sur le cours Ju, un film hollywoodien sur la mythologie grecque. L’histoire est banalement dominante et attendue mais un autre film se situant derrière l’écran va se mélanger au premier, c’est la joie du plein air !
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25 mai 2020 : encore une image de brutalité policière qui passe sur internet, cette fois un petit onglet en forme d’œil la recouvre pudiquement, l’image est floutée et les géants du numérique – ajoutant leur petite censure perso « bienveillante » – me préviennent de la violence des images que je risque de voir. Deux mois d’immobilité à regarder des violences policières sans pouvoir réagir, sans pouvoir mettre en commun ma souffrance et mon désespoir. Deux mois d’impuissance à tanguer entre le déni et l’exposition, entre une protection nécessaire et une volonté de savoir, dans un rapport plus que jamais boulimique aux infos militantes. J’hésite et je passe, je ne clique pas pour lancer la vidéo, je n’en ai pas le courage.
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Pour un 1er Mai vivant !

Le printemps s’installe et le 1er Mai approche, on est en droit de se demander comment allons-nous faire pour manifester ? Impossible d’imaginer que la fête internationale des travailleurs n’est pas lieu en temps de covid, alors même que ce sont les travailleurs qui font tourner le pays et que la menace de payer la facture se fait de plus en plus sentir.
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D’abord c’est la peur qui nous prend,
y étions nous préparé ?
Nés dans la catastrophe c’est comme si nous l’attendions
mais la désirions nous ?
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Monday, December 16, 2019
Un bilan météorologique de la grève en cours

La grande grève de décembre, que l’on annonçait avant qu’elle arrive – dans des AG ratés – comme un moment historique, a commencé. Elle est là, massive, illimitée, suivie, même la CFDT l’a rejoint dernièrement. Pourtant, sans surprise, pas d’arrêt général de la machine, pas de rassemblement spontané de parisien.e.s enfin libéré.e.s du travail, pas de barricades à Saint-Michel. Un temps et une humeur maussade, des métros automatiques, des jaunes partout, du télétravail et des trottinettes électriques.
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Les estivants sont les touristes de l’Histoire, ce sont eux qui mangent en terrasse le samedi devant un déploiement de chars de la gendarmerie nationale. Ceux qui n’agissent pas et qui réagissent quand la nourriture vient à manquer à monoprix. Les estivants est une pièce de théâtre écrite par Gorki en 1904. Les estivants sont une bande d’ami.e.s en vacances si les vacances « ne sont rien de plus que le moment le plus flagrant du commun exil métropolitain [1] ». Les estivants sont des passagers qui brillent par leur absence, ils « survolent, traversent les territoires (et les époques ?) sans établir aucun lien ni contact affectif, vitale ou spirituelle avec eux [2] ». Enfin, Les estivants c’est l’adaptation de cette pièce et de cette réalité par un groupe d’ami.e.s, de jeunes acteurs et actrices.
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